Joseph Faucoup aimait aller au loto de l'aumônerie |
"Je vais évoquer quelques souvenirs que j’ai de Joseph et comment il a marqué ma vie et ma foi.
Joseph, vous êtes arrivé à Saint-Etienne-le-Molard en 1984, j’avais une quinzaine d’année. Les membres de la paroisse avaient préparé votre arrivée. Nous étions 5 ou 6 filles qui faisions parties de la chorale, avec Annie. Et les dimanches, nous nous retrouvions bien sûr à la messe. Un jour, peu après votre arrivée, nous discutions avant le début de la messe entre nous, vous êtes venu nous voir et nous dire que nous papotions un peu trop. Nous vous avions alors répondu, que nous étions contentes de nous retrouver, que nous échangions simplement de nos nouvelles et que dans une église il serait dommage de ne pas parler à son voisin. Peu après, vous nous avez reparlé de cette fois-là et vous nous avez dit « Vous savez que ce jour-là vous m’avez fait comprendre quelque chose ». Joseph, le grand Joseph que vous étiez, savait aussi se faire tout petit pour apprendre quelque chose de gamines de 15-16 ans. Cela m’a vraiment marquée.
Ensuite, à la suite du baptême de mon fils Thibaut, vous m’avez appelée pour faire de la catéchèse. J’avais 25 ans, j’étais quelqu’un de plutôt timide, et je me disais pourquoi moi. Mais je n’ai pas pu dire non car je pense que vous saviez appeler, vous saviez trouver les mots pour nous communiquer votre foi et nous donner l’envie de vivre nous aussi une responsabilité dans l’Eglise, de prendre notre responsabilité de chrétien. Vous avez appelé beaucoup d’entre nous et la catéchèse sur notreparoisse vous doit beaucoup.Vous avez su donner le goût à beaucoup d’entre nous de démarrer dans la mission auprès des enfants ou des jeûnes. Vous avez su nous transmettre votre passion pour Dieu. Vous avez été un père dans la foi pour moi et je pense aussi pour beaucoup d’entre nous.
Le soir de ma première réunion de parents en catéchèse, vous aviez dû voir que j’angoissais pas mal, et vous êtes passé à la maison pour savoir si j’étais au point, si j’avais besoin d’aide. Je garderai de vous Joseph, l’image de quelqu’un qui accompagne dans les moments de doutes, ou les moments très difficiles de la vie. Vous étiez attentif à ce qui se passait dans notre vie et vous saviez quand ça n’allait pas, sans qu’on ne vous le dise.
Les réunions de préparation des thèmes de caté n’étaient jamais tristes. Nous avons toujours travaillé dans la bonne humeur avec vous. Avec vous, l’Eglise n’était pas triste. Vous aviez aussi une méthode de travail. A partir de la discussion que nous avions sur le thème, vous nous disiez toujours « si vous ne deviez garder qu’une chose de ce qu’on vient de se dire : ce serait quoi ? ». Ensuite, vous faisiez toujours ressortir l’essentiel du message. Vous avez été un très bon guide pour nous animatrices. Vos questions, vos conseils, vos remarques, vos conseils de lecture également (car vous aimiez lire et faire partager vos lectures) m’ont toujours amené à m’interroger sur ma propre foi.
Vous aimiez les enfants et les enfants vous le rendaient bien. Vous saviez leur parler et malgré votre hauteur, vous saviez vous mettre à leur portée. Vous aimiez aussi jouer avec eux. Juste une petite anecdote : quand j’ai démarré la catéchèse, mes enfants étaient petits et ils n’étaient pas en âge d’aller au caté mais je les emmenais avec moi et lors d’une rencontre alors que j’animais, il y avait du bruit derrière moi. C’était vous Joseph qui jouiez avec Anthony et Thibaut. Vous aimiez vraiment plaisanter. Je me souviens avoir pris des crises de rire mémorables avec vous. Vous étiez comme ça aussi, vous saviez communiquer votre bonne humeur et votre joie de vivre.
Vous avez toujours mis en avant la place des laïcs dans l’Eglise et reconnu leurs compétences. Vous disiez aussi que nous devions nous former, que l’Eglise avait besoin de nous. Et pour cette confiance que vous m’avez accordée, je voudrais vous dire un grand merci.
Vos homélies aussi m’ont marquées. Elles ne laissaient pas indifférentes. C’est peut-être parce que vous étiez à la fois, proche de la terre et proche de Dieu, que vous saviez si bien nous toucher.
Il est un personnage de l’Ancien Testament que vous affectionniez particulièrement. Il s’agit d’Abraham. Vous disiez qu’Abraham était votre modèle parce qu’il a cherché Dieu toute sa vie ; et qu’Abraham devait être un modèle pour tout croyant à cause de la confiance qu’il avait en Dieu et pour tout le chemin de foi qu’il avait parcouru. Je sais, Joseph que vous étiez un chercheur de Dieu. Un jour que vous étiez malade, je vous avais dit que votre foi devait certainement vous aider à supporter l’épreuve et vous m’avez répondu que plus vous preniez de l’âge, plus il était difficile de croire. Quand vous disiez cela, cela ne voulait pas dire que vous doutiez de l’existence de Dieu, je crois simplement que cela voulait dire que vous cherchiez Dieu encore et toujours dans votre vie et dans les épreuves que vous viviez.
Aujourd’hui, vous laissez un grand vide dans nos vies. Mais vous nous avez appris à voir plus loin, à voir l’espérance, la vie qui est plus forte que la mort. Vous y croyiez très fort. Et c’est à cela que je penserai quand je penserai à vous Joseph".
Monique Jacquet, animatrice en pastorale